Un roman ancré dans le réel

Brest, ville martyre. Détruite à 98%, cela fait d’elle la ville la plus bombardée de France. Chaque fois que l’on fait des travaux, on découvre une bombe non explosée. Il faut alors évacuer tout le quartier. Voici l’élément déclencheur de la Petite Afghane. Une histoire d’explosifs.

Brest telle que l’on ne l’a jamais décrite

Toinon Maguerez a écumé les rues de Brest, à pied, quand des circonstances familiales lui ont enlevé sa voiture. Elle a marché, imaginé, rêvé dans des rues désertes qu’elle ne connaissait pas. Son but de promenade fut le port de commerce, dernier port romantique d’Europe où les bateaux accostent en peine ville. Fidèle cliente des bars du port, elle a ainsi construit tout un univers. Bar, HLM, squatt et maison de retraite des bonnes sœurs sont les lieux de la Petite Afghane.

Un roman d’atmosphère

Au cours de ses pérégrinations, Toinon Maguerez a su capter des ambiances, elle a entendu des conversations, imaginé des situations. Comme ses héros, elle a été se réfugier à la mairie pendant une alerte à la bombe et cet événement lui a semblé un magnifique départ de roman, avec cette idée d’un roman choral, c’est à dire où il n’y a pas de héros mais des héros tels que Jim, Susan Pol, sœur Adèle ou Erwann.

Un roman construit comme un scénario

Réalisatrice de films, Toinon a très vite ressenti le besoin d’allier ses deux passions. C’est pourquoi elle a numéroté chaque passage d’un personnage à un autre, constituant ainsi des séquences. Cela donne au livre une écriture ramassée d’où n’est pas absent l’humour. Des petites séquences qui facilitent la lecture et le suspense.

La Petite Afghane ou un roman plus profond qu’il n’y paraît

Au delà de cet humour et de son comique parfois, Toinon Maguerez nous présente des héros cabossés, dont la vie est difficile, comme Jim poursuivi par les yeux de la petite Afghane sur laquelle il a dû tirer pour sauver son régiment. Il y a aussi le petit Erwann battu par son père, père qui traîne son chômage de bistrot en bistrot ; ou quand un enfant est plus mûr que les adultes. Sa question : c’est quoi les âmes, donne au roman une belle profondeur.