Cher toi,
Belle journée que ce dimanche et pleine de rebondissements : le Ministre de la Culture est venu déjeuner avec son épouse, une blanche insupportable qui régente tout et surtout la carrière de son mari. Il s’est trouvé que ce ministre et l’ambassadeur se connaissaient du temps où ils étaient étudiants à Paris ! Souvenirs, souvenirs. J’avais préparé un grand couscous pour fêter l’Algérie et tous y ont fait honneur. Ce fut vraiment une belle journée qui m’a rappelé les grands déjeuners à Dakar quand mes parents recevaient toute la société de mon père, jusqu’à 80 personnes ! Il y avait quatre moutons pour le méchoui, ça me fait penser, dimanche prochain j’en ferai un. J’aime cette idée de rassembler Niokokro dans mon hôtel. C’est passionnant. Il faut aussi que je me mette en rapport avec des musiciens et des artistes locaux, je voudrais que l’Okambo devienne une référence dans toute l’Afrique de l’Ouest ! Tu verras, tu aimeras cet endroit et tu ne voudras plus en repartir !
Demain, marché avec Abdou qui est vraiment adorable, ce boy m’est bien plus qu’un boy, j’aime son intelligence et sa manière de m’aider sans en avoir l’air. Il m’est précieux, il comprend bien ce que je veux et je veux que mon hôtel soit un centre culturel important. C’est pourquoi j’étais très contente que le ministre de la Culture vienne, il avait l’air enchanté de son déjeuner. Il y avait aussi un couple magnifique et je me demande si ce n’est pas celui de l’avion : tu te rappelles cette scène incroyable que je t’ai racontée, dans l’avion de Dakar, quand nous avons atterri à Iba, la capitale du Mambo. Une jeune femme africaine, splendide dans un splendide boubou était coiffée et maquillée par deux caméristes, juste avant l’atterrissage. Une fois l’avion immobilisé, elle est descendue, majestueuse et, au pied de l’échelle, un homme l’attendait dans un boubou d’un blanc immaculé, entouré de toute sa cour. Toute une tradition qui survivait à l’ère de l’aviation.
Ils étaient parés comme des chasses, j’aurais voulu les prendre en photo tellement ils étaient beaux. La pâle femme du ministre de la Culture, dans son boubou informe qui soulignait son dos un peu voûté, faisait pâle figure…
Je suis si heureuse d’être en Afrique, d’avoir retrouvé l’Afrique que j’aime et de pouvoir travailler à son développement. Je sais que tu le comprends . Je ne remercierai jamais assez le site de rencontres qui nous a permis de nous connaître. Comme quoi cela marche ! Je désespérais de trouver l’âme sœur et je t’ai trouvé, Didier. Je me rappelle cette petite phrase qui a attiré mon attention : je cherche une femme de bien. Que voulais-tu dire par là ? Avec de l’argent ou juste quelqu’un de bien ? Je t’ai écrit, j’ai fait allusion à la chanson de Maurane, juste quelqu’un de bien et c’est parti ainsi. On s’est vus très rapidement et tu m’as tout de suite plu. Mince, élégant, mesuré, tu m’as peu parlé et beaucoup observé. Je parlais, tu écoutais, tu écoutes si bien. On s’est donné rendez-vous le lendemain chez toi, sur les quais. Un appartement de famille avec une vue magnifique.
Quand viendras-tu à Niokokro ? Bientôt je l’espère. Je te ferai découvrir ce qui devient mon pays et je suis sûre que tu l’aimeras. Je te rappelle cependant ma question : peux-tu me donner des renseignements sur cette femme, Françoise Morin ? Elle me semble être une intrigante, elle n’a eu de cesse que d’être présentée au ministre ! Il l’a à peine regardée et sa femme l’a tout de suite entraînée vers leur table.
L’ambassadeur s’appelle Mustapha et sa femme Djamila, ils forment le couple le plus adorable du monde ! Comme il se lève tôt et moi aussi, nous nous sommes donné rendez-vous pour le petit déjeuner. Je crois que je vais apprendre plein de choses !
Petit intermède poétique maintenant : de Léopold Sédar Senghor
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre, la douceur de tes mains bandait mes yeux
Je t’embrasse, Didier et te souhaite une belle soirée parisienne . Ta Nadine
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